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Monsieur Delé, quel bilan tirez-vous de l’activité du Cluster Automobility depuis sa création en 2013 ?

«Nous sommes un cluster qui est encore assez jeune. Nous nous sommes fixés des objectifs pour développer le secteur et je pense qu’il y a encore beaucoup à faire à tous les niveaux. D’un côté, je pense que nous ne connaissons pas suffisamment nos membres. Et de l’autre, je ne suis pas sûr que les membres connaissent tout le potentiel que représente le fait d’être membre du cluster. Clairement, la raison d’être d’un tel cluster est de fédérer, de faire en sorte d’être plus fort et d’aller plus loin ensemble.

Quelle est la valeur ajoutée d’un tel cluster par rapport à l’activité déjà bien établie de l’ILEA, l’association des équipementiers automobile au Luxembourg, qui existe depuis 2002 et qui est d’ailleurs à la base de la création du cluster ?

«Il s’agit tout d’abord de disposer de ressources permanentes ! Rien que pour organiser des événements, cela nécessite des moyens humains que l’ILEA n’a pas, puisque tous y sont bénévoles. La plupart des membres du steering committee du cluster sont aussi membres du comité d’ILEA, mais l’activité du cluster va bien au-delà du seul aspect ‘équipements’.

Le Luxembourg Automobility Cluster n’est pas le plus connu ni le plus visible des clusters. Comment y remédier ?

«Nous sommes actuellement en train de revoir notre stratégie globale. Un point qui me tient à cœur est celui d’être là pour nos membres. Nous organisons de plus en plus d’activités nous permettant, justement, d’être beaucoup plus visibles. Mais pour cela, il faut déjà bien connaître les membres et que les membres se connaissent mieux entre eux, ce qui n’est pas forcément le cas pour tous.

Ainsi, nous organisons par exemple des breakfast meetings. Ce sont des manifestations qui se déroulent tôt le matin et qui permettent, avant d’aller au bureau, de se rassembler par centres d’intérêt ou bien par situations géographiques. Cela donne une opportunité aux plus petites entreprises de se présenter et de partager un peu leurs problématiques et intérêts. Au niveau du cluster, nous nous tenons évidemment à leur disposition pour faire le suivi nécessaire et répondre aux questions posées.

Nous organisons aussi des événements plus vastes et plus classiques, où tous les membres sont invités. Nous souhaitons créer dans le futur davantage d’opportunités pour nos membres de se rencontrer et d’échanger entre eux, au niveau dirigeants et au niveau associés. C’est extrêmement important.

En tant que président, comment voyez-vous votre rôle ?

«Je favorise le travail d’équipe, avec une collaboration active entre les membres. Il y a plusieurs stakeholders qui sont liés au cluster. Il y a les actionnaires qui financent à travers Luxinnovation, et qui ont leur mot à dire ; il y a la recherche publique qu’il faut intégrer et il y a les membres qu’il faut servir. Avec mon équipe du steering committee, nous devons développer une stratégie à long terme à la fois pour le Luxembourg et nos membres qui opèrent au niveau international. Cette stratégie sera bien sûr alignée aux grandes tendances du transport et de la mobilité.

À court terme, à partir du moment où une idée est mise sur la table et une action décidée, mon rôle consiste à intervenir pour faire bouger les choses si je vois que rien ne se passe. Il s’agit de s’assurer que ce que nous faisons correspond à ce que nous avons dit que nous ferions et que nous restons dans la bonne direction.

Nous devons aussi veiller à être efficace et mesurer, pour chaque action entreprise, ce qu’elle a réellement apporté. Il est bien beau de participer à une foire de l’étudiant, mais ce ne sera vraiment une belle chose que si cela apporte un réel bénéfice pour nos membres : combien d’étudiants ont été rencontrés ? Combien ont-ils été engagés pour un stage ou pour un premier job ? Cette recherche d’efficacité doit être la même pour tous les événements que nous organisons, même les Breakfast meetings.

Le nombre de participants à un événement ne constitue pas un KPI pertinent. Deux entreprises qui ont pu entrer en relation, concrètement, ça c’est un indicateur de réussite.

Mon rôle est donc de veiller à ce que tout ce que nous faisons soit efficace et ‘rapporte’ quelque chose à nos membres. Si ce n’est pas le cas, alors nous devrons revoir nos activités et modifier la façon d’agir.

Quel est le rayonnement du Cluster à l’international ?

«Je distingue le ‘Let it happen’ et le ‘Make it happen’. Je suis clairement pour le second. Nous sommes connectés, directement ou indirectement, avec les organisations à Bruxelles, ce qui nous permet de rester informés des dernières tendances et des problématiques qui se profilent. Nous pouvons ainsi les communiquer à des organisations qui n’ont pas les ressources ou les moyens pour s’informer directement.

Le président de l’ILEA et vice-président du Cluster dirige par exemple un groupe de recherche au sein de l’association européenne des équipementiers automobiles (Clepa). Nous sommes aussi représentés au sein du Conseil consultatif européen chargé de la recherche sur les transports routiers (ERTRAC). Nous souhaitons d’ailleurs devenir plus actifs dans ces cercles européens et rendre Luxembourg plus visible au niveau international. C’est aussi l’un de nos objectifs.

Souhaitez-vous également renforcer les coopérations avec les autres clusters ou fédérations étrangères, notamment dans la Grande région ?

«Ce sont surtout nos collègues allemands en Rhénanie et en Sarre qui sont les plus actifs. Nous sommes régulièrement invités dans des manifestations organisées sur place. L’Automotive Day est, par exemple, organisé chaque année dans un pays différent. C’était en Sarre l’année dernière et cette année, ce sera au Luxembourg.

Dans ce cadre-là, nous allons aussi travailler avec la Fédération belge des entreprises de l’industrie technologique, Agoria, qui traite aussi du volet automobile.

Ce networking international est évidemment essentiel. Nous ne pouvons pas rester dans notre petit village. Nous devons agir de la sorte si nous voulons disposer d’une meilleure visibilité internationale, et même augmenter celle à l’intérieur du pays.

Cela se limite, pour l’heure, à de simple échanges et des participations croisées à des événements. Mais nous réfléchissons à des façons de collaborer sur des projets concrets. Un événement comme l’Automotive Day va dans cette direction.

Je vois, par exemple, que nos collègues allemands fonctionnent sur la base d’une cotisation des membres. Avec cet argent, ils peuvent organiser bien plus d’événements. Au Luxembourg, aucun membre des clusters ne paie de droit d’adhésion. Mais ce serait peut-être une piste à explorer, sachant qu’il s’agirait alors d’un investissement, puisqu’en retour de cette participation, les membres pourraient bénéficier d’un réel retour.

Je pense également que nous devons nous échanger davantage avec les autres clusters. Il y a des activités que l’on doit mener de manière transversale. Si on travaille en silos, nous manquons une bonne opportunité pour être plus efficaces.

Qu’y a-t-il concrètement d’inscrit sur votre feuille de route ?

«Nous sommes en train de la finaliser. Nous avons, d’un côté, les cinq piliers que je vous ai décrits. Et de l’autre, quelques grandes tendances qui dominent le secteur : la décarbonisation, dont la mobilité électrique fait partie; le volet ‘sécurité et connectivité’, dont la conduite autonome est partie intégrante, ou bien encore le manufacturing du futur, avec tout ce que cela implique en termes de digitalisation et d’automatisation de nos entreprises.

Nous sommes donc en train de définir nos axes de travail, en faisant en sorte que toutes ces tendances trouvent leur place dans les différents piliers définis. Nous devons évidemment être en phase non seulement avec les vues de nos membres, mais aussi avec les tendances qui viennent de Bruxelles, pour définir une telle feuille de route à l’horizon 2025-2030.

Nous travaillons aussi sur des projets à court terme, comme le prochain Automotive Day.

Le Luxembourg Automobility Cluster compte une cinquantaine de membres. Est-ce suffisant à vos yeux ?

«Cela représente déjà une bonne base, mais il y a matière a faire mieux, ce qui implique de travailler pour cela. Nous devons notamment définir qui peut devenir membre et les actions à mener pour cela. Nous pensons qu’il faut largement élargir le périmètre au-delà des seuls équipementiers. Il y a de plus en plus d’organisations de services, voire de start-up, actives dans le secteur et qui ne sont pas des équipementiers. C’est une évolution positive pour le secteur.

Il est clair que plus le cluster sera grand, plus nous aurons les moyens pour progresser. Nous espérons aussi attirer d’autres entreprises actives dans notre secteur qui est très important pour notre économie nationale. Peu de gens savent que dans pratiquement chaque voiture qui roule dans le monde, il y a au moins une pièce qui a été développée ou conçue au Luxembourg.

Que vous manque-t-il aujourd’hui pour que le Cluster soit pleinement opérationnel ?

«Je dirai qu’il est aujourd’hui impératif de pouvoir répondre aux besoins et aux attentes de tous nos stakeholders. Il y a les entreprises, d’un côté, mais aussi le pays et tous ceux qui cherchent du travail. Quand on arrivera à développer des activités qui puissent servir tous ces gens-là et solutionner leurs attentes, alors nous pourrons considérer que le secteur est très avancé.

Nous avons aussi à cœur, parallèlement, de faire davantage participer la recherche publique dans ce secteur. Pour cela, il faut aussi créer un environnement passionnant. Un pôle d’innovation autour de quelques start-ups sur le campus automobile arrangerait bien les choses.

Je remarque aussi que bon nombre d’entreprises, et pas seulement dans notre secteur, ont un potentiel énorme, mais elles n’en sont pas conscientes. Beaucoup ne savent pas à quel point elles pourraient être meilleures en termes de productivité et d’innovation. C’est vraiment dommage. Il y a même des entreprises en difficultés qui n’ont pas vraiment de raisons de l’être. Même s’il est important de surveiller ses coûts, il y a autant de bénéfices à tirer de l’analyse des pertes et des valeurs, une approche tout à fait différente. Personne ne sait vraiment ce qui va advenir dans quelques années et il faut être prêt à changer, voire changer son business.

En tant que cluster, nous n’allons pas dire aux dirigeants d’entreprises ‘Voilà ce que tu dois faire’, mais nous pouvons en revanche susciter les réflexions et les débats et attirer l’attention. Et si après une entreprise a besoin d’aide pour se mettre en mouvement, alors nous pourrons l’aider en lui faisant, par exemple, profiter des réflexions et des expériences d’une autre entreprise.

Nous disposons d’un gros atout, c’est d’avoir des membres qui ne sont que rarement concurrents entre eux. C’est l’avantage d’être petit.

Au niveau purement opérationnel on manque un peu de ressources pour supporter tout la charge de travail. Une personne à plein temps n’est pas suffisante et nous essayons sur base volontaire de nos membres du steering committee de compenser au mieux ce déficit. Je salue quand-même que Luxinnovation nous a donné le contrôle sur un petit budget qui nous permet de bien planifier nos activités.

En tant que président, quelle est votre propre vision ?

«Elle se rapproche de celle qui a été définie lors de la création du cluster : contribuer à développer le secteur automobile pour en faire le plus grand secteur industriel dans le pays et que le Luxembourg soit reconnu au niveau international dans notre domaine.

L’innovation et le développement de nos compétences sont indispensables. Afin de mieux préparer le secteur aux grandes tendances futures de la mobilité qui sont la décarbonisation, la digitalisation et la décongestion, nous mettrons en avant-plan l’innovation en invitant la recherche publique et la recherche privée à collaborer encore plus. Nous mettrons en place un environnement de travail attractif aux jeunes talents indispensables pour le développement secteur automobile et mobilité.

Nous avons une belle carte à jouer, mais nous ne pourrons évidemment pas la jouer toute seule. Nous devons regarder au-delà des frontières vers, par exemple, des centres de recherche avec qui nous devrions collaborer. Je pense par exemple à l’Institut automobile d’Aix-la-Chapelle. Nous avons déjà des discussions sur des sujets de travail communs. Il existe naturellement des moyens de s’inspirer de choses qui fonctionnent bien à l’étranger.»

Visitez le site de l’édition 2018 Automotive Day !

Luxinnovation contribue au développement économique du Luxembourg en stimulant l’innovation, en alimentant la croissance internationale et en attirant des investisseurs étrangers sur le territoire national et est soutenue par: le ministère de l’Economie, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, la Chambre de Commerce, la Chambre des Métiers et FEDIL – The Voice of Luxemb

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