Plus que tout autre matériau, le bois s’inscrit de manière parfaite dans le cadre de la mise en œuvre des principes de l’économie circulaire. Les notions de «recycle» et «upcycle» prennent ici tout leur sens, tant la filière «forêt-bois» présente de nombreux flux connexes possibles pour améliorer la longévité du matériau à travers différentes formes d’utilisation successives.
Ainsi, un bois d’œuvre sous forme de charpente peut, par exemple, même après 50 années d’utilisation, être retransformé en bois industrie (panneaux ou pâte à papier) ou bien être utilisé sous forme de bois énergie.
Le potentiel d’exploitation est ainsi particulièrement vaste. La filière bois est, en outre, la seule à intégrer les cycles biologiques et technologiques de son matériau de base. En effet, le bois est un matériau naturel qui, en fin d’utilisation, «retourne» à la nature et peut être transformé à plusieurs reprises pendant son utilisation.
Résilience avant tout
Dans cette lutte contre le réchauffement de la planète, le bois est susceptible de jouer un rôle majeur à plusieurs niveaux:
- les forêts sont des puits de carbone qui stockent dans le bois le carbone prélevé dans le CO2 de l’atmosphère;
- de nombreuses utilisations du bois (construction, menuiserie…) permettent de fixer le CO2 à long terme;
- par rapport à d’autres matériaux, la production des matériaux en bois nécessite beaucoup moins d’énergie («énergie grise»);
- son utilisation en tant que source énergétique permet de diminuer le recours aux énergies fossiles.
En dépit d’un contexte actuel difficile (pandémie, changement climatique, dépérissement de certaines espèces…), les acteurs de la filière ne se laissent pas abattre et misent sur la résilience.
D’un côté, l’Administration de la nature et des forêts, placée sous l’autorité du ministère de l’Environnement (pour les parcelles publiques), et les propriétaires privés ont, pour mission de faire en sorte que leurs forêts puissent s’adapter aux changements climatiques en cours. Des vastes programmes d’aides et des changements profonds de gestion forestière sont en train de se réaliser dans le fin fond de nos forêts, favorisant des peuplements mixtes, multi-âgés et donc plus résilients.
De l’autre, les entreprises au sein de la filière, elles aussi, se sont engagées dans des processus de réflexion. L’innovation de nouveaux produits, comme l’utilisation du bois de hêtre dans la construction, tout comme des pistes d’optimisation de processus et l’utilisation moindre de ressources sont des axes qui sont privilégiés.
Des programmes de soutien
À travers différents programmes cofinancés par le ministère de l’Économie, les entreprises sont encouragées et accompagnées par Luxinnovation afin de devenir plus résilientes dans le futur et de mieux faire face aux prochaines crises qui risquent de survenir. C’est notamment le cas du programme Fit 4 Resilience.
Les dégâts collatéraux engendrés par la crise sanitaire actuelle ont mis en lumière l’importance de plus en plus accrue des chaînes de valeur et des chaînes d’approvisionnement locales et régionales. Un domaine sur lequel le Luxembourg Wood Cluster s’est déjà beaucoup penché, bien avant que le terme Covid-19 n’entre dans le vocabulaire usuel.
Ces travaux seront davantage approfondis, puisque la filière bois est un exemple parfait de l’utilisation d’une ressource régionale et de la création de valeur régionale. Le cluster est en effet une plateforme importante et indispensable pour travailler ensemble et échanger afin de sortir au mieux de cette crise. Tous ensemble.
Cet article est un extrait d’une tribune publiée par Philippe Genot, manager du Luxembourg Wood Cluster, dans l’édition du magazine Forum parue début avril 2021.