C’est dans les locaux de Glanzstoff Textilcord à Steinfort que s’est tenue, le 1er mars, la dernière édition de « Meating », le déjeuner networking des participants du programme Fit 4 Innovation, co-organisé par Luxinnovation, Resultance et TrAxxion et élargi cette fois aux membres des clusters Automotive, EcoInnovation et Materials & Manufacturing. L’occasion pour des dirigeants d’entreprises de toutes tailles de se retrouver et d’échanger dans une ambiance conviviale autour d’un bon déjeuner ambulatoire assuré par Traiteur Steffen.
Au total, ce sont près de 80 personnes qui ont assisté à la présentation faite par Arnaud Closson, le CEO de Glanzstoff Textilcord, société présente depuis plus de 50 ans au Luxembourg et spécialisée dans fabrication de renforts textile principalement destinés à l’industrie du pneumatique notamment.
D’ailleurs créée à l’origine par le manufacturier américain de pneus Uniroyal en 1965, la société est passée en 1979 sous le contrôle du groupe allemand Continental, puis en 1997 du groupe autrichien Glanzstoff qui a établi son quartier général au Luxembourg.
Dernier changement en date : le rachat par les Thaïlandais d’Indorama Ventures, spécialisé dans la production de polyesters. Ce groupe international mi-familial mi-public (coté en Bourse à Bangkok, mais détenu majoritairement par la famille Lohia) est devenu actionnaire de référence en 2017 avant, dans la foulée, de mettre la main sur DuPont Teijin Films.
Production européenne, exportation mondiale
« Nous avons alors changé de dimension. Nous sommes devenus un acteur très stratégique dans le développement d’Indorama. Ce rachat a constitué une étape supplémentaire pour transformer notre activité et mieux servir l’industrie des pneumatiques », indique Arnaud Closson.
Le groupe a alors entrepris une politique active de croissance externe, portant son chiffre d’affaires consolidé de 250 millions d’euros en 1997 à 9 milliards en 2016 et opérant sur trois autres sites en Europe (en Italie, en République tchèque et en France, à Longlaville) et un en Chine, « pour accompagner au plus près un de nos gros clients », explique Arnaud Closson. La société emploie 150 personnes sur le site de Steinfort.
Si la production est centralisée en Europe, l’exportation, elle, est mondiale : Chine, Corée, Mexique, États-Unis. Glanzstoff est le numéro deux mondial de la rayonne, cette fibre textile artificielle à base de cellulose utilisée dans les carcasses radiales des pneus pour leur donner de la résistance et transférer les forces entre la colonne de direction d’un véhicule et le sol.
Également impliquée dans la fabrication de renforts d’isolation thermique pour des pièces destinées à être utilisées sur la fusée Ariane 6, Glanzstoff Textilcord n’en a pas moins eu besoin, il y a deux ans, de se remettre profondément en question alors que l’ensemble de l’industrie affichait de nouveau une forte croissance après quelques années plus moroses. « Nous n’avons pas bien su prendre ce tournant et produire les bons produits et correctement les livrer aux clients. C’est pourquoi nous avons fait appel au programme Fit 4 Innovation, afin de savoir comment nous améliorer. »
Une démarche Fit 4 Innovation réussie
Réalisé avec l’aide d’un consultant extérieur, ce programme s’est articulé autour de trois axes : la planification, pour résoudre le problème de livraison des clients, ce qui constituait le plus gros chantier à mener ; la mise en place d’indicateurs de performance pour arriver à suivre en temps réel les processus de production assurés par des machines modernes et performantes ; et enfin l’innovation, tout aussi bien dans les produits et les technologies, que dans les processus internes et les moyens de production.
« Le succès est allé au-delà de ce que j’espérais », analyse Arnaud Closson. « En tout premier lieu parce que nous avons, dès les premiers instants du diagnostic, impliqué l’ensemble des personnels sur le terrain. La responsabilisation des personnes directement concernées par les changements à mettre en œuvre, est un point crucial pour la réussite d’un tel projet. »
Le bilan chiffré parle de lui-même : la production a été améliorée de 9% en termes d’efficacité et l’indice de performance des services a été relevé de 24 points. « Nous sommes passés d’un niveau de performance inacceptable vis-à-vis de certains de nos clients, à un niveau international », se réjouit Arnaud Closson qui a pu, grâce aux marges dégagées par ces améliorations, développer les capacités de production en installant deux nouvelles machines et en planifier l’arrivée d’autres.
La démarche d’innovation de Glanzstoff Textilcord ne s’est évidemment pas arrêtée là. De nombreux travaux de recherche sur les matériaux et les interfaces entre matériaux sont en cours, ainsi que des réflexions pour davantage optimiser le process de production et faire basculer le site dans la transformation digitale.
« Nous souhaitons mettre en place des systèmes d’automatisation de certains processus pénibles pour le personnel, par exemple pour le transport des bobines de fils que nous manipulons. Chaque bobine fait entre 12 et 15 kg. À la fin d’une journée, la charge qu’un opérateur aura manipulée peut donc atteindre 6 à 7 tonnes. »
En route vers l’innovation
Avec l’entrée en vigueur, l’été dernier, de la loi du 17 mai 2017 relative à la promotion de la recherche, du développement et de l’innovation, les entreprises de toutes tailles et de tous secteurs sont plus que jamais encouragées à mettre en œuvre des démarches d’innovation même si, par la force des choses, ce sont les PME – les plus nombreuses dans le tissu économique national – qui sont davantage ciblées.
« Les aides auxquelles les entreprises peuvent postuler concernent des projets définis qui peuvent aussi concerner l’organisation des procédés ou des services », précise Jean-Michel Ludwig, Director Start-up Support & SME Performance chez Luxinnovation. Les PME sont les premières concernées, mais évidemment, l’accompagnement que nous proposons peut aussi être appliqué pour des entreprises plus grandes. »
L’objectif des différents programmes de performance de Luxinnovation est, à terme, de guider les entreprises vers la mise en œuvre de projets entrant dans le cadre de cette loi du 17 mai 2017. « Parmi les nombreux défis des entreprises, nous identifions trois enjeux majeurs », précise Jean-Michel Ludwig : « la transformation numérique qui concerne clairement toute l’économie du pays ; la transition vers l’économie circulaire et le soutien à l’innovation, notamment pour les PME. Notre accompagnement à l’innovation permettra aux entreprises de se positionner par rapport aux grandes tendances des marchés visés et valider les développements avec les consommateurs et utilisateurs finaux. »