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Tania BrugnoniMadame Brugnoni, quel bilan tirez-vous de l’activité du 1535° Creative Hub?

«À l’origine, dans les réflexions de la ville de Differdange, l’idée était de créer une plateforme physique, un lieu de travail pour créatifs et créateurs au Luxembourg. Cela n’existait pas sous cette forme. Il y avait bien des initiatives dans les secteurs artistique et culturel, mais c’était la première fois que la réflexion touchait les 12 branches des industries créatives.

Lorsque nous avons ouvert le site, on commençait seulement à parler des industries créatives. Aujourd’hui, nous hébergeons quelque 500 emplois sur 12.000 m2 restaurés et mis à disposition du secteur. Cela témoigne de sa réussite.

Nous ne nous considérons pas comme un incubateur, nous avons une approche plus durable: le différent niveau de maturité des entreprises hébergées nous a permis de construire une vraie communauté dans laquelle les échanges, les expériences et le vécu de chacun sont différents.

En septembre 2017, la Ville de Differdange, qui loue le site à ArcelorMittal, a signé un accord de co-financement avec le ministère de l’Économie. Là aussi c’était une étape importante, car jusqu’alors, aucun financement ou soutien étatique n’avait contribué à la réalisation de ce projet d’envergure. En lui donnant cette visibilité physique et en attirant l’attention sur son volet économique, c’est une façon de considérer le secteur créatif à sa juste valeur.

 

Le site a-t-il atteint son rythme de croisière aujourd’hui?

«Non, car il est en perpétuelle évolution. Pour le moment, 14 millions d’euros investis, ce qui n’est pas énorme au vu de l’impact, et nous sommes aux deux-tiers des réalisations prévues. Il reste encore le Bâtiment B à rénover, les travaux débuteront au printemps 2019 avec deux années prévues de chantier.

Nous avons été très attentifs à la conservation du patrimoine industriel et nous nous considérons uin peu comme le «best practice» pour redonner à de tels lieux une deuxième vie professionnelle et non pas uniquement muséologique.

 

Le succès du 1535° Creative Hub témoigne-t-il du manque d’une telle infrastructure au Luxembourg avant sa création?

«Un grand manque en effet, et nous nous en étions aperçus depuis longtemps. D’un côté, la ville de Differdange, ancienne place forte sidérurgique, a été obligée de se réinventer et nous sommes une des pièces de ce renouvellement.

Ensuite, s’il existe au niveau national, beaucoup de propositions culturelles et entrepreneuriales, il n’y avait pas d’espace de création à proprement parler. En 2008, nous avions proposé une quinzaine d’ateliers d’artistes et nus avons été très vite submergés de demandes de location. Depuis, nous avons sondé ce qui se fait un peu partout dans le monde. Nous n’avons rien inventé, seulement adapté des concepts existants à la réalité luxembourgeoise.

 

Quelles sont justement les relations que vous entretenez avec les autres pays?

Nous sommes membres du European Creative Hubs Network qui regroupe plus de 230 hubs créatifs dans 36 pays. C’est une riche plateforme d’échange qui permet de voir qu’il n’y a évidemment pas qu’un seul modèle unique qui prévaut. En revanche, un hub public comme le nôtre est très rare et le fonctionnement au Luxembourg est très spécifique.

 

Vous considérez-vous comme un élément-clé dans l’activité plus globale de promotion du secteur des industries créatives?

«Nous hébergeons environ 8% du secteur national des industries créatives. Notre mission primaire était de créer cette plateforme physique. Ce fut un énorme effort d’y arriver, car nous venions de nulle part. Nous avons aussi contribué à la construction du Luxembourg Creative Industries Cluster pour souligner cette prise de conscience au niveau national en tant que secteur économique.

Nous sommes encore en phase de construction et nous nous attelons, pour l’heure, à la création de notre dernier ‘bébé’ de la famille: le Sonotron, qui sera le lieu d’excellence pour la création musicale et sonore au Luxembourg.

 

De quoi s’agit-il exactement?

«Il s’agit d’un lieu de production et de création musicale et sonore. Là aussi, nous aurons un impact majeur, puisque nous mettrons à disposition neuf salles de répétition en timesharing, réservables à travers une application. Tout le monde y aura accès y trouvera de l’espace pour répéter et créer. À côté de cela, il y aura aussi un studio professionnel: nous allons lancer l’appel à candidature pour son exploitation.

Cette branche des industries créatives est aussi en plein boom et nous sommes en train d’étudier, avec la Rockhal, une collaboration plus étroite. Nous allons apporter quelque chose de plus à ce secteur de façon très pragmatiques, en proposant des lieux propices à cette création musicale et sonore à des tarifs abordables.

Par la suite, nous comptons développer d’autres missions, afin d’ouvrir encore davantage les lieux aux créateurs non hébergés et au grand public et, ainsi, devenir une véritable plateforme d’échange et d’éducation.

 

Vous évoquiez le Luxembourg Creative Industries Cluster qui, comme vous, s’adresse à l’ensemble de la communauté. Comment viviez-vous la cohabitation?

Le cluster a un grand rôle à jouer à plusieurs niveaux. D’abord, en tant que facilitateur, en interne, entre les différentes branches du secteur et, parallèlement, en tant que fédérateur et porte-voix vers l’extérieur. Mais son action est aussi essentielle dans la prise de conscience de la valeur économique des industries créatives, et au-delà, car cela touche l’ensemble de la société. La créativité est à la base de tout, à commencer par l’innovation, qu’elle soit technologique ou sociale.

Le 1535° offre des espaces de travail sur un lieu, alors que la portée du cluster est nationale. C’est une autre façon de faire le travail de promotion de tout le secteur, et il s’agit de trouver un juste équilibre entre la promotion des différentes branches. Des activités comme la communication ou l’architecture sont déjà très structurées dans leur propre marketing. Ce n’est pas le cas, par exemple, de la littérature ou de l’audiovisuel. D’où la difficulté de l’exercice.

Étant relié aux autres secteurs économiques, le cluster constitue le lieu pour solliciter, échanger et mener à bien cette promotion auprès de ces autres secteurs économiques. Ils ont tous besoin des acteurs des industries créatives. Tout le travail d’identification, de cartographie, d’élaboration de statistiques, jusqu’à la publication u magazine Do Do Do, constitue un ensemble d’outils qui ont une grande valeur non seulement pour le secteur lui-même, mais aussi pour tous les autres, dans l’idée de pousser cette prise de conscience de la valeur ajoutée de la créativité au Luxembourg.

 

Faudrait-il davantage de sites comme le 1535° ailleurs dans le pays?

«Oui, mais il y en a déjà à d’autres échelles: le Bamhaus, par exemple, qui fonctionne aussi de manière collaborative. Mais il est vrai qu’au vu du développement non seulement économique, mais aussi démographique, il faudrait quelque chose de plus: décentralisé, afin de faciliter l’accès à ces réseaux pour ceux du nord du pays.

Nous devons aussi réfléchir aussi à d’autres initiatives un peu plus transsectorielles, qui misent sur la diversité et la différenciation de maturité des entreprises et des indépendants. L’économie sociale et solidaire au Luxembourg est, par exemple, très proche de nous. Il y a beaucoup de choses à faire et des passerelles à dresser. Créer des ponts et relier l’existant, c’est de toute façon le grand challenge. Ce rôle de facilitateur m’intéresse beaucoup, car le potentiel est énorme.

 

Quels autres axes de promotion faudrait-il suivre, selon vous?

«Il faut certainement nouer des liens plus étroits avec tous les autres secteurs. Mais je pense aussi qu’il faudrait des ressources humaines supplémentaires, y compris pour le cluster, ainsi que des moyens financiers d’un autre ordre pour suivre toutes les petites et moyennes initiatives, qu’elles soient individuelles ou collectives, pour les aider. Il ne faut certainement pas des millions d’euros pour bien promouvoir le secteur, mais il y a encore tellement à faire. Quand on voit que l’impact du secteur sur le PIB est de l’ordre du milliard d’euros, une ressource supplémentaire au niveau du cluster, par exemple, lui ferait le plus grand bien!

 

Est-il facile d’être à l’écoute de l’ensemble des acteurs et de prendre en compte leurs avis? L’approche ‘Bottom-Up’ est-elle efficace? 

«Depuis 18 mois où le cluster est actif, il n’y a pas eu de faux pas. On ne peut évidemment pas être en contact avec tout le monde et certains ont leur propre mode de fonctionnement et n’ont pas forcément l’habitude de se référer à ce cluster. Mais ce guichet unique représente une grande plus-value et il faut le montrer aux acteurs du secteur. Il est donc essentiel de rester à l’écoute de tous les acteurs, mais on sait que cela prend du temps et qu’il ne pas brusquer les gens.

 

Quels sont les plus grands défis que vous identifiez?

«Dans un secteur représenté par 12 branches d’activité, il est important de bien identifier celles qui sont les moins exposées pour les porter plus efficacement. Il faudrait également envisager de restructurer les organes de décision et de faire en sorte qu’il y ait des spécialistes de toutes les différentes branches.

Sur une échelle plus vaste, il serait bien aussi, lors des missions économiques menées à l’étranger, d’avoir le réflexe d’interpeller et d’impliquer davantage le secteur des industries créatives dans les pays où nous nous rendons. Nous disposons ici d’un know how extraordinaire pour un si petit pays et cela fait partie des choses qui doivent être montrées à l’étranger.

Enfin, il y a la question du statut d’indépendant qui reste extrêmement précaire, en particulier pour les femmes indépendantes, et cela vaut pour tous les indépendants, bien au-delà des seuls acteurs du secteur. Ce serait bien qu’i l y ait une réelle prise de conscience du besoin d’avancer sur ce dossier là et les politiques devront très prochainement y apporter des réponses concrètes.»

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